"Pendant longtemps on a cru que l'ensemble de la production graphique de Russolo se composait de quarante gravures dont les héritiers détenaient les quarante plaques, (aujourd'hui en dépôt à la Fondation Russolo-Pratella de Varese), jusqu'à ce qu'on retrouve une lettre de Russolo datée de 1929 et envoyée de Paris à sa femme, où il fait allusion à l'eau-forte Une, trois têtes dont il avait tracé lui-même une esquisse. On ne trouve malheureusement aucune trace de cette úuvre dans les archives, ni copie, ni plaque.
Les gravures réalisées entre 1907 et 1909 appartiennent à la première période et la poétique de Russolo semble mal assurée comparée aux suggestions du symboliste Previati ou au travail d'Ensor.
La composante décadente, marquée par des références littéraires, donne au symbolisme de Russolo une certaine particularité, qu'on retrouve, tel un leitmotiv, à partir de son tableau Autoportrait aux crânes de 1909 jusque dans les úuves qui suivent : Souvenirs d'une nuit de 1912, L'homme mourant de 1911, ou Nietzsche de 1910. Ces références témoignent de certaines prédominances culturelles communes à Russolo et à bien d'autres. Poe "relu" par Previati transparait dans des gravures telles que Caresses et Mort, Moyen-âge, et Le Triomphe de la Mort ñ encore un titre qui fait directement référence à la littérature de l'époque. Autant d'indices de la participation à un climat et à une situation qui sont, par de nombreux aspects, voisins de ceux dans lesquels mûrirent et se développèrent les futuristes, et en premier lieu Marinetti lui-même.
Les documents concernant sa période pré-futuriste sont extrêmement pauvres ; les seuls faits avérés restent ses participations à l'exposition du Noir et Blanc de 1909, et au mouvement artistique Milanais en général. On trouve des publications faisant référence à cette exposition et au succès personnel que Russolo y rencontra, ainsi que l'attestent plusieurs critiques faites après coup, et qui à côté de jugements sévères sur ses úuvres futuristes, font un accueil très favorable à son travail de graveur".G.F. Maffina